Programme sur la "mécompréhension productive" labellisé par l'Agence Universitaire de la Francophonie 2021-2022

PROGRAMME 2022-2023

 

19 octobre, 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Daniel KAPLAN (Concordia University, Canada)

 

Title : The Ubiquity of Misunderstanding under Holistic Theories of Meaning

Abstract : According to a widespread view of communication, speaker and hearer must converge on all relevant aspects of the sentence meaning in order for the hearer to be said to understand what the speaker said. Call a theory of meaning "atomistic" if the relevant aspects of sentence meaning require no reference to features external to the sentence. Call a theory holistic (= non-atomistic) if relevant aspects of sentence meaning make essential reference to features external to the sentence. According to a well-known objection, holistic theories of meaning require convergence on so many aspects of a sentence's meaning that it is a miracle that communication occurs at all. That is: misunderstanding is ubiquitous. In this talk I explore the relationship between meaning, understanding, and holism/atomism by looking closely at the radical contextualism debate in the philosophy of language. I argue that the sort of misunderstanding worried about is not ubiquitous, though (unlike the widespread view above) there is still room for a more interesting kind of misunderstanding to persist. I close the talk by considering the different kinds of misunderstanding that are made possible by holistic theories of meaning.

 

16 novembre, 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Mahamadé SAVADOGO (Université de Ouaga 1 - Pr. Joseph KI-ZERBO, Burkina Faso)

 

Titre : Le choix entre l'incompréhension et la mécompréhension dans le processus d'invention d'une nouvelle langue

Abstract : Il faudrait s’attendre à ce que le titre du propos qui s’annonce soit difficilement compréhensible. L’invention d’une langue n’est pas une activité courante si bien qu’il semble impossible d’imaginer les difficultés qui lui sont attachées. D’ailleurs est-il vraiment possible d’inventer une nouvelle langue ? L’invention d’une langue, en toute rigueur, se présente comme une tâche collective dont il s’avère délicat de retrouver les étapes avec précision.        

Une langue complètement nouvelle serait à envisager comme un jeu ou une démarche purement arbitraire qui n’a pas besoin de justifier ses règles. Pourquoi alors parler d’incompréhension opposée à la mécompréhension à son sujet ? Il est possible de réagir à cette objection sous forme de question en notant que le jeu lui-même est un système de signes qui demande à être décodé. En tant que tel, il peut être incompris. L’incompréhension, ainsi que l’atteste le cas du jeu, peut-être délimitée et corrigée. 

En est-il de même pour la mécompréhension ?

Alors que l’incompréhension se laisse aisément corriger, la mécompréhension, quant à elle, se dérobe, résiste à la critique et tente de se justifier.  Autrement dit, si la découverte de l’incompréhension conduit au silence de l’erreur reconnue, l’identification de la mécompréhension suscite un nouveau discours qui l’encourage.

Dans quelle mesure pourrait-elle alors être préférable à l’incompréhension ?

Le propos qui s’annonce voudrait se mettre en quête d’une réponse à ces questions en s'appuyant sur l’expérience de l’invention d’une langue philosophique à partir d’une langue africaine dans laquelle il n’existe pas une tradition de textes philosophiques écrits. Cette expérience, conduite sous la forme d’un cours conduisant à un ouvrage publié par l’auteur de la présente réflexion, suggère des enseignements sur l’écart entre l’incompréhension et la mécompréhension.

 

Indications bibliographiques

P. Casanova, La langue mondiale. Traduction et domination, Paris, Seuil, 2015.

S.B. Diagne, De langue à langue. L’hospitalité de la traduction, Paris, Albin Michel, 2022.

C.A  Diop, Nations nègres et cultures, Paris, Présence africaine, 1979

F. Gaudin et L. Guespin, Manuel de lexicologie française. Du néologisme au dictionnaire, Bruxelles, Duculot, 2000.

F. Fédier, Entendre Heidegger et autres exercices d’écoute, Paris, Pocket, 2013.

P. Hountondji, « Langues africaines et philosophie : l’hypothèse relativiste » in Études philosophiques, Paris, octobre-décembre 1982, pages 393-406.

M. Savadogo « Comment philosopher dans une langue nationale ? », in C. Bowao et R. Sahid, Entre orature et écriture: relations croisées, College Publications, London, 2014, pages 93-106.

------------------«  Philosopher dans une langue africaine  L’exemple du mooré du Burkina Faso » Revue Présence africaine, numéro 201, Paris, Décembre 2020, pages 17-34.

P. Tempels, La philosophie bantoue, Paris, Présence africaine, 2013.

Ngugi Wa Thiong’o, Décoloniser l’esprit, traduction S. Prudhomme, Paris, La Fabrique, 2011.

K. Wiredu, Cultural Universals and particulars. An African Perspective, Bloomington, Indiana University Press, 1996.

 

11 janvier 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Elad LAPIDOT (Université de Lille, ULR 4047 – CECILLE)

 

Titre : Dé-compréhension comme méthodologie inter-épistémique

Abstract : Ma présentation portera sur le rôle productif de la non-compréhension en tant que dispositif méthodique dans les processus de savoir qui ont lieu entre différents systèmes épistémiques, ce que j'appelle "savoir inter-épistémique". La théorie du savoir inter-épistémique, ou inter-épistémologie, concerne les défis, les questions et les méthodologies liés à la communication entre différents mondes, cultures, traditions et discours de savoir, différentes "épistémès". L'inter-épistémologie est nécessaire aujourd'hui, notamment dans le contexte de la diversité épistémique et de la conversation sur les épistémologies alternatives (du Sud, africaine, noire, féminine, queer, etc.).

L'un des principaux défis que j'identifie dans ce type de communication inter-épistémique est le paradoxe selon lequel la connaissance produite par un épistème par rapport à un autre, simultanément manifeste l'épistème connu et l'efface. En conséquence, je soutiendrai que les processus de savoir inter-épistémique nécessitent une certaine méthodologie de la non-compréhension. J'illustrerai cet argument par le cas spécifique du savoir académique concernant le savoir talmudique.

 

08 février 2023 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Clémence SADAILLAN (Université de Lille, UMR 8163 – STL)

 

Titre : L’analogie du sensorium Dei et la dispute entre Leibniz, Clarke et Newton

Abstract : Nous partirons d'une dispute sévère : celle de Clarke, porte-parole de Newton, et de Leibniz, en 1715-1716. Entre autres, il y est question d'un désaccord profond entre deux conceptions de l'espace et entre deux conceptions du rapport d'un dieu créateur et transcendant au monde. La clé de voûte de ce double désaccord est une analogie, que Newton propose dans le Scholie Général des Principes mathématiques de la philosophie naturelle : l'analogie du sensorium Dei. Il la présente comme un moyen de résoudre un problème là où Leibniz n'y voit qu'un crime théologique. Pour Newton, Leibniz ne comprend simplement pas qu'il ne s'agit que d'une analogie, rien de plus, et qu'on ne comprend cela que si on adhère à sa définition de l'espace absolu, nécessaire pour que puisse se construire la nouvelle physique mathématique. Que les deux philosophes ne tombent pas d'accord, soit, mais comment se fait-il qu'ils ne se comprennent pas ? Comment comprendre que Leibniz ne comprenne pas Newton ? Nous proposerons quelques hypothèses d'interprétation pour nous demander in fine s'il s'agit d'une mécompréhension stérile ou d'une mécompréhension productive.

 

15 février 2023 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Luca GASPARRI (Université de Lille, UMR 8163 – STL)

 

Titre : Productive misunderstanging a view from the armschair

Abstract : In liberal democratic societies, state neutrality can be interpreted in different ways. Hence, the political philosophical theory of  political liberalism is inconclusive about church-state relations, which can have different forms in practice. This inconclusiveness can lead to misunderstanding, polarization and dead-end debates, since both protagonists as well as antagonists of particular state-church policies often have good arguments for their preferred policy. In order to make this more concrete, we will, after an examination of different views on neutrality, look at several ECtHR court cases where the margin of appreciation is applied in cases about wearing religious symbols in educational institutions. Subsequently, we will scrutinize this same policy in Flemish and Québec state schools, where the school’s neutrality is in practice interpreted in different ways. In conclusion, we argue that, given the inconclusiveness of political liberalism, it is important to look at the context of particular policies. In this regard, pragmatic arguments as well as political changes – rather than an idealized idea of consensus – have an important role in concrete church-state policies.

 

15 mars 2023 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Leni FRANKEN (Université d’Anvers)


Titre : Neutrality in education: a dead end debate ?

 

05 avril 2023 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Mathieu BERGER (UC Louvain)


Titre : Communication et irritation dans la politique participative. Préciser les limites de l’interaction démocratique

 

24 mai 17h à 19h - Salle Corbin (B1.661)

Rou CHEN (Université de Lille, UMR 8163 – STL)

 

Titre :  Analyse des interactions verbales : étude contrastive du  caractère indirect/direct du désaccord en français et en chinois

Abstract : Le désaccord, qui désigne une différence d’opinion (Sifianou, 2012), peut prendre des formes variées, allant du caractère direct (désormais directivité) au caractère indirect (désormais indirectivité). Les études sur le désaccord confondent souvent l’(in)directivité avec des dispositifs modificateurs ("modification devices") (Blum-Kulka et Olshtain, 1984) qui atténuent ou renforcent la force illocutoire d’un acte de parole dans le cadre de la politesse (Goodwin, 1983, Zhu et Wang, 2022). Toutefois, l’(in)directivité se réfère à l’interprétation de l’intention du locuteur et du sens impliqué par l’interlocuteur. Par conséquent, ces deux choses doivent être analyseés séparément (Stadler, 2011).

 

Certains chercheurs, tels que Gao et Zhao (2017) et Stadler (2007 ; 2011) ont distingué clairement les deux aspects et ont commencé à analyser le degré d’(in)directivité du désaccord en anglais et en allemand. Cependant, peu d'études se sont intéressées à l'(in)directivité du désaccord en français et en chinois, en particulier dans les conversations ordinaires.

 

Notre étude compare le degré de caractère direct du désaccord dans des conversations ordinaires en français et en chinois parlés. Pour ce faire, nous nous appuyons sur des corpus d'interactions verbales en français (59 minutes, 13 037 mots) et en chinois (78 minutes, 24 898 caractères) que nous avons constitués. Contrairement aux études qui classent généralement le caractère direct du désaccord en trois catégories : direct, indirect conventionnel et indirect inconventionnel (Searle, 1982), nous proposerons une nouvelle taxonomie détaillée.

Nos résultats révéleront que les locuteurs français et chinois ont tendance à exprimer le désaccord de manière très directe, mais qu'ils diffèrent dans l'utilisation des marqueurs de désaccord. Ces résultats souligneront l'importance qu'il y a à comprendre les différences pragmatiques interculturelles afin d'éviter les malentendus.
 

Mots clés : interculturel, caractère direct, désaccord, chinois, français